La majorité des Français n’ont pas la moindre idée de ce que sont les compétences du 21ème siècle (contre 1 Nord-Américain sur 10 ). Et les rares personnes qui se hasardent à une réponse pensent souvent qu’il s’agit uniquement de compétences numériques ou technologiques. Pourtant, les compétences du 21ème siècle sont très loin de se réduire à l’apprentissage du code ou de la robotique…
Les transformations technologiques, économiques et sociétales des dernières années ont bouleversé nos références. La mondialisation, l’économie collaborative, les préoccupations environnementales et l’essor des algorithmes influencent déjà profondément le monde du travail.
Ces évolutions impacteront tôt ou tard l’éducation de nos enfants.
Face à ces changements profonds, nos définitions de l’intelligence et de la compétence doivent évoluer. Et on doit tous se poser la question suivante : quelles compétences sont requises pour faire face à cette nouvelle société ?
Plusieurs modèles internationaux ont été proposés afin de lister et catégoriser les compétences du 21ème siècle. La première initiative sur ce sujet a été lancée en 2002 sous le nom de Partenariat pour les Compétences du 21ème siècle, ou P21, avec l’appui de AOL, Cisco, Microsoft et du Ministère de l’Education des Etats Unis.
Une autre initiative importante, initié en 2008, est l’ATC21S, l’organisation pour l’évaluation et l’enseignement des compétences du 21ème siècle. L’OCDE s’y est associée pour faire évaluer les tests PISA, servant à évoluer le niveau des élèves de 15 ans dans les pays de l’OCDE.
Plus largement, dans de nombreux pays développés, des groupements d’experts se sont intéressés au sujet, de l’UNESCO à l’Union Européenne. Aujourd’hui, plusieurs milliers d’organisations dans le monde travaillent sur les compétences du 21ème siècle. Aucune n’est française.
Selon le modèle P21, sans doute le plus abouti concernant la définition des compétences du 21ème siècle, il y aurait 12 compétences essentielles réparties en trois catégories :
Les Compétences cognitives (Learning skills – 4C) :
• Critical Thinking (Pensée critique)
• Créativité
• Coopération
• Communication
Les Compétences de littération (Litteracy skills) :
• capacité à naviguer dans l’information
• capacité à utiliser les médias
• capacité à utiliser la technologie
Les Compétences liées au quotidien (Life skills) :
• Flexibilité
• Initiative
• Sociabilité
• Productivité
• Leadership
Les différentes taxonomies s’accordent à considérer 4 compétences fondamentales au cœur des compétences du 21ème siècle. Ce sont les fameuses « 4 »C, des compétences cognitives qui peuvent être enseignées et qui permettent la résolution de problèmes complexes : Créativité, Critical Thinking (Pensée Critique), Communication, Coopération.
Face à l’essor de l’intelligence artificielle, ces 4 compétences profondément humaines sont difficilement informatisables, du moins à moyen terme.
Dans le monde professionnel en France, on ne parle pas de compétences du 21ème siècle mais plutôt de « soft skills », une notion proche. Evaluer les soft skills d’un candidat lors d’un recrutement est devenu un enjeu important. De même, la formation continue à certains soft skills est en plein boom dans de nombreuses entreprises.
Pourtant, il n’y a pas de référenciel consensuel qui permet de définir les soft skills, (littéralement traduisibles par « compétences douces »). On les définit souvent par ce qu’elles ne sont pas, en opposition aux « hard skills », les compétences techniques. Jérôme Hoarau, Fabrice Mauléon et Julien Bouret, auteurs du Réflexe Soft Skills (Dunod 2014), les qualifient de « compétences comportementales, transversales et humaines ».
Pour les auteurs du Réflexe Soft Skills, ces compétences sont en effet intrinsèquement transversales, chacune ayant un impact sur l’autre. Impossible donc d’établir une liste au sens strict du terme.
Parmi les soft skills les plus fréquemment citées apparaissent souvent : la confiance en soi, la créativité, l’intelligence émotionnelle, le leadership, la capacité à prendre des décisions, l’adaptabilité, la gestion du temps ou l’esprit d’entreprendre.
Au terme de soft skills, anglo-saxon et connoté monde professionnel, le monde de l’éducation en France préfère souvent le terme de « compétences psychosociales » ou « compétences transversales ».
Le mot « psycho » dans le terme « compétences psychosociales » rebutera certains et l’aspect « transversales », bien qu’indéniable, ne définit pas grand-chose. Nous préférons personnellement l’appellation « éducation émotionnelle et sociale » employée par Michael Claeys dans ses précieux écrits sur le sujet. L’éducation émotionnelle et sociale n’est cependant qu’un volet de la formation au Compétences du 21ème siècle, il faut y ajouter en particulier les compétences cognitives des 4C.
Comparativement aux pays du Nord de l’Europe et à l’Europe du Nord, la France n’intègre encore que timidement et partiellement ces compétences du XXIème dans les programmes de l’Education Nationale.